Clarisse ouvrit les yeux. Elle grelottait, nue sur le matelas. La nuit était encore là. Elle se leva et regarda autour d’elle. Personne: elle était seule avec le silence, dérangés à peine par les ronflements de la ville encore endormie. Elle marcha vers le salon en désordre et retrouva son portable sur la table basse, entouré de bouteilles vides.
Comment avait elle pu faire l’amour dans un endroit pareil ! Un vieux radio-réveil posé dans un coin indiquait qu’il était 5h30 du matin. Où étaient les deux garçons ? Ils l’avaient donc baisée jusqu’à l’épuiser et étaient partis travailler. Cette idée réveilla l’excitation dans son corps encore engourdi. Un petit mot était posé à côté du téléphone: « Merci, à très bientôt, on te rappelle ». Elle sourit au souvenir de leurs corps. Elle s’affala négligemment sur le canapé où se trouvaient ses vêtements. Elle regarda son téléphone et commença à regarder les photos et vidéos faites par ses amants d’un soir. La gorge serrée d’émoi, elle se vit faire l’amour. Elle n’arrivait pas à croire que c’était elle, cette femme perverse et insatiable qui se baisait, encaissait leurs assauts virils en demandant toujours plus. Elle commença à se caresser. Sa main droite glissa sur sa chatte brune, ses doigts se glissèrent entre ses lèvres, pour jouer avec son clitoris, alors que l’autre effleurait son cou et ses seins. Elle se trouvait pas mal finalement ! Les deux mecs étaient très sexy, enfin les parties de leur corps qui étaient filmées… Elle avait connu les mœurs de tant d’hommes que ce qui était arrivé ne la surprenait plus. Elle n’eprouvait plus aucun tourment d’avoir assouvi leurs désirs; elle se sentait comblée et puissante de les faire jouir. En leur accordant le plaisir, telle une déesse, elle dominait les hommes. En se regardant, elle comprit qu’ils avaient raison sur un point : son corps avait besoin de cela; elle était devenue éprise de cette liberté où elle pouvait vivre ses fantasmes. N’était-ce pas cela la vrai liberté ?
Pendant de nombreuses années son esprit avait étouffé les besoins de son sexe, comme hélas, croyait-elle, beaucoup de femmes de son âge. Son corps avait désormais sa revanche, elle ne pouvait plus se passer du plaisir orgasmique. Elle revit la scène entièrement en se masturbant. Ses cuisses étaient grandes ouvertes, comme si elle s’offrait de nouveau. Elle fit venir et aller son majeur et son index profondément dans sa vulve qui se trempa. Elle tenait, agrippait, malaxait ses seins. Elle sentit un fourmillement puis un spasme de sa chatte à son ventre puis se cambra et jouit de nouveau, dans un cri qui résonna dans l’appartement vide. Haletante, elle transmit les vidéos à son mari. Franck prenait un pied incroyable à la voir avec d’autres hommes. Sa vénération plaisait à Clarisse et était devenu le ciment de leur couple. C’était un équilibre nécessaire à sa vie de débauche. Elle avait eu au début du mal à accepter l’infidélité de son mari mais elle l’avait délivrée en la transformant elle aussi en une femme adultère convaincue, quitte à vivre une crise existentielle et religieuse importante car Clarisse était très croyante. Elle regarda ensuite ses messages et vit que les vidéos avaient été transmises à un numéro inconnu. Cela sentait le chantage à plein nez.
Clarisse grimaça et sentit les battements de son cœur s’accélérer. Elle se savait couverte par ses amants et maîtresses, certains encore plus haut placés qu’elle, mais ne souhaitait pas avoir à gérer cela et elle détestait qu’on la prenne pour une imbécile. Elle se dirigea vers la fenêtre. La ville se réveillait sous les caresses des premiers rayons du soleil. De vieux ouvriers mal fagotés commençaient leurs travaux et regardaient vers elle, très heureux de pouvoir regarder cette jolie petite brune nue. Elle si prude auparavant, adorait désormais partager son corps en s’exhibant. Elle voulait faire rêver ces ouvriers, les faire bander. Devant eux, elle se retourna, se pencha et ramassa son string et son soutien-gorge qui traînaient sur sol, elle les mit dans son sac à main, puis enfila sa robe et chaussa ses talons. Elle ferma les rideaux, « fini le spectacle ! » se dit elle. Elle n’aimait pas se promener sans sous-vêtements, mais ne pouvait pas non plus remettre ceux-ci, couverts de son plaisir et de celui de ses amants. Elle avait toujours du rechange à son bureau. Elle se recoiffa, se maquilla sommairement puis mit son long manteau en laine et quitta l’appartement. Le froid la saisit lorsqu’elle fut enfin dehors. Elle s’alluma une cigarette. Malgré la douceur de l’hiver, l’air humide de Bordeaux pouvait être glacial au petit matin. Elle retourna vers le tramway. La rue lui semblait paisible dans la lumière de l’aube. Les fenêtres des maisons s’allumaient sur son passage comme éveillées par le bruit des talons de Clarisse ou par les volutes de fumée de sa cigarette. Elle aimait ces moments, seule après une nuit d’amour. Elle monta dans le tramway après avoir écrasé sa cigarette, la journée allait vraiment commencer. Son téléphone sonna. Appel inconnu. Clarisse ne répondait jamais dans ce cas; endormie, elle fit une exception et décrocha machinalement.
– Bonjour vous êtes bien Clarisse ? Dit une voix d’homme au fort accent slave, russe peut-être .
-…Oui… À qui ai-je l’honneur ?
– Je m’appelle Vlad, je suis propriétaire de plusieurs clubs privés en Europe et je crois que vous avez rencontré deux de mes employés hier soir. Ils m’ont dit que votre rencontre s’était très bien passée et que vous seriez parfaite comme membre de nos établissements. Le cœur de Clarisse allait exploser de colère et d’angoisse.
– Que voulez-vous ? Demanda-t-elle sèchement.
– Juste vous rencontrer.
– Et si je refuse ?
– Vous ne pouvez pas et vous ne le voulez pas.
– Où ?
– Je sortais du club…
J’imagine que vous n’êtes pas loin du domicile de vos nouveaux amis.
– Je suis au tramway.
– très bien, notre club n’est pas loin, je vous attends dans 30mn, je vous envoie l’adresse par SMS.
– Entendu… Il était 7h00 Clarisse reçut le message et monta dans le tramway qui l’amenait vers une nouvelle vie.
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